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1993

L'ADC-Studio

Intro

A l’inauguration de la Maison des arts du Grütli en 1988, la Ville accorde à l’ADC, au 2e étage, un studio de cours / répétitions / performances.

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Noemi Lapsezon dans les Studios de l'ADC au Grütli – © photo Jesus Moreno

Noemi Lapzeson, Studio de l’ADC

Adc-Studio

Les premiers cours y sont organisés en journée : danse contemporaine, release, contact-improvisation, mouvement comédiens, respiration intégrale et anatomie pratique. 

En 1993, sous l’impulsion de Yann Marussich, le rythme s’accélère : la programmation de l'ADC-Studio comme celle de la scène libre s’étoffent. Des 12 premiers chorégraphes invités qui inaugurent le studio, on passe vite à plus d'une trentaine les années suivantes. Tremplin ou banc d'essai pour pièces en cours de création, la scène libre accueille régulièrement, de son côté, une dizaine de jeunes artistes.   

Du mardi soir au mercredi à l’aube, Yann et Florent Nolain montent la base technique : câblage électrique, projecteurs. Le jeudi soir, à la libération du studio, répétition générale. Les différents groupes finissent rarement avant 3h du matin. Les représentations ont lieu du vendredi au dimanche : la même angoisse de la venue hypothétique du public sourd, même si, régulièrement, la petite jauge de 85 places prive les retardataires de spectacle. Les soirées se finissent en grandes tablées au squat, la nuit dominicale impose le démontage et le rangement pour rendre au studio sa vocation pédagogique. 

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Inaugurations de la Maison des Arts du Grütli et du Studio de danse de l’ADC

11 novembre 1988. Inaugurations de la Maison des arts du Grütli et du Studio de danse de l’ADC

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Dépliant cours de l'ADC Studio en 1988

1988. Les premiers cours de l’ADC-Studio

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1989-90 Laura Tanner et Fabienne Abramovich © Jesus Moreno – collection laura Tanner

1989-90. Laura Tanner et Fabienne Abramovich, en répétition pour Sad Eyed Lady (création de Laura Tanner)

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Delphine Glide et Vanessa Mafé, répétition au Grütli

1992. Répétition d’Une certaine Ophélie de Yann Marussich pour Vertical Danse
De g à dr : Delphine Gilde et Vanessa Mafé

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1993. L'âge d'Airain © Jacques Berthet

1993. L’âge d’airain de Fabienne Abramovich, photos pour cartons.

« Nous répétions au Studio avec le mouton, on le promenait, ça bêlait dans tout le Grütli ! A la fin, nous avons dû rappeler le berger pour le changer parce que l’agneau avait grandi. L’idée de ce mouton et des photos de Muriel Biollaz émane du film Les saisons d’Artavazd Pelechian, où des bergers dévalent des pentes caillouteuses et neigeuses, leurs bêtes dans les bras, pendant la transhumance. J’avais été marquée par la beauté de ses films et de ses images. » 

Fabienne Abramovich, danseuse & chorégraphe

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Cartons Performances à l'ADC Studio

1993–94. Programmes de performances à l'ADC-Studio

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1996 Cindy Van Acker, Zoé Reverdin, Diana Lambert et Laura Tanner © Jesus Moreno – collection Laura Tanner

1996. Répétition de Tiempo et/ou Use your imagination, Walker, créations de Laura Tanner.
De g à dr : Cindy Van Acker (allongée), Zoé Reverdin (en noir), Diana Lambert (debout), Laura Tanner (à droite)

Temoignages

L'ADC-Studio

Regards croisés

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Yann Marussich 1992

Yann Marussich

« Un relais des créations off de la danse contemporaine »

L'ADC-studio vu par Yann Marussich

 

Nicole Simon-Vermot

« Les performances présentées par l'ADC-Studio ont servi de tremplin pour l’ADC »

Lire le témoignage

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Cindy Van Acker 1995

Cindy Van Acker

« Un espace de liberté »

L'ADC-Studio vu par Cindy Van Acker

 

 

Claude Ratzé

« Les jeunes chorégraphes qui n’appartenaient à aucun circuit se produisaient au studio de l’ADC. C’était comme un grand magasin déstructuré.  »

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Yann-Marussich

Yann Marussich

« Un relais des créations off de la danse contemporaine »

« Dynamiser. Provoquer. Susciter. Inviter.

A mon départ de Vertical Danse, en 1992, je voulais lancer un projet indépendant : créer un réseau de danseurs et chorégraphes à travers toute l’Europe, leur dédier un lieu d’expérimentation. Je l’ai exposé à Nicole (Simon-Vermot, administratrice de l’ADC). Nous avons alors développé l’ADC-Studio à travers une programmation internationale pointue, centrée sur les solos, et une scène libre. 

Je venais de Paris, je connaissais toute la danse contemporaine française, j’avais vécu cette dynamique extraordinaire des années 80 que je voulais recréer, je suis allé chercher les locaux : Cindy (Van Acker) était une super danseuse, je l’ai débauchée du Grand Théâtre, Gilles (Jobin), très ambitieux, très présent, voulait s’impliquer avec nous. 

Les représentations avaient lieu le week-end, ensuite, j’emmenais tout le monde manger au squat du Rhino, voire j’y logeais certains pendant que des performances très underground s’y donnaient. 

Claude (Ratzé, directeur de l’ADC de 1992 à 2017) et moi avons évolué ensemble, par synergies. Je lui ai appris à comprendre les vrais besoins des danseurs, les vertus de l’accueil et du retour franc sur les spectacles. Il est devenu l’exemple parfait de l’accueil parfait. »

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Yann Marussich 1992
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1993 Groupe Ecarlate Nelson ADC-Studio Grütli

1993. ADC-Studio, invités. Le Groupe Ecarlate

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1994 Marcela San Pedro Mikel Aristegi ©Aitor Bayo

1993. ADC-Studio, scène libre. Mikel Aristegui (en duo avec Marcela San Pedro)

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1993. ADC-Studio, invités. Babelogue, Nasser Martin-Gousset.

1993. ADC-Studio, invités. Babelogue return, Nasser Martin-Gousset

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1993. ADC-Studio, invités. La sombra y la luna, Daniel Goldin et Lara Martelli.

1993. ADC-Studio, invités. La sombra y la luna, Daniel Goldin et Lara Martelli

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ADC-Studio, invités. i remember red, Cie Alias, Guilherme Botelho et Didy Veldman.

1993. ADC-Studio, invités. i remember red, Cie Alias, Guilherme Botelho et Didy Veldman

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1993. ADC-Studio, invités. Tango arabe, Sergio Iglesias et Yann Marussich.

1993. ADC-Studio, invités. Tango arabe, Sergio Iglesias et Yann Marussich

« Toute cette période fut magique. Il y avait une saine émulation, une énergie débordante et constante qui donnait envie de faire. Une telle génération ne se rencontre pas tous les dix ans. »

« En 1994, j’ai repris la programmation de l’Usine en compagnie d’Anne Rosset et Gilles Jobin. Nous avons décidé de co-produire et programmer la saison 94-95, puis les suivantes, entre l’ADC-Studio et l’Usine. Jusqu’en 1998 où l’Usine a alors assumé exclusivement la fonction d’émergence. »  

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Anne Rosset © D Vautravers

Anne Rosset

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Yann Marussich

Yann Marussich

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Gilles Jobin

Gilles Jobin

« La Ribot s’est produite pour la première fois à Genève à l’ADC-Studio en 1995, tout comme Javier de Frutos, qui a transporté le public avec son solo inspiré du Sacre du printemps, dansé dans un carré de 1m2 (puis dans un couloir étroit de 18m de long à l’Usine). »

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1997. La Ribot. © Isabelle Meister

« J’étais très proche de Claude (Ratzé). On était très cash. Je lui ai imposé Botelho. Il n’en voulait pas parce qu’il venait du Grand Théâtre. »

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1994 Alias – En Manque
Claude-Ratze

Claude Ratzé,
directeur de l’ADC (1992-2017)

« Tous les jeunes chorégraphes qui n’appartenaient à aucun circuit (Patiño, etc.) se produisaient ponctuellement au studio de l’ADC. C’était comme un grand magasin déstructuré. 
En confiant à Yann une mission de structuration de ces ruisseaux d’émergence avec un budget que nous lui avions trouvé, tout en lui assurant une carte blanche, je l’ai conforté dans son rôle de précurseur, qu’il a joué jusqu’à son départ. »

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1993. ADC-Studio, invités. Babelogue, Nasser Martin-Gousset.

1993. ADC-Studio, invités. Babelogue return, Nasser Martin-Gousset

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1994 Répondrai pas aux question © inconnu

1994. ADC-Studio. Je ne répondrai pas aux questions, mise en scène de Yann Marussich

Claude Ratzé, directeur de l’ADC (1992-2017)

« L’ADC n’était pas l’endroit de l’émergence. C’était celui de la reconnaissance, de la professionnalisation. »

Cindy-Van-Acker

Cindy Van Acker
Danseuse et chorégraphe

« Un espace de liberté »

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Cindy Van Acker 1995

« J’allais prendre des cours au Studio avec Odile (Ferrard), Laura (Tanner) et Noemi (Lapzeson). Le soir, après m’être inscrite sur le calendrier des répétitions, je pouvais y accéder pour développer mes recherches, jusqu’à minuit.

Yann (Marussich) était très en contact avec tout le milieu de la danse, les élèves des cours du Studio, ceux qui sortaient du Grand Théâtre, ceux à qui il avait envie de proposer sa scène. C’était un petit milieu. Ça se passait en parlant, autour d’un thé, ou dans le couloir… Du moment où il y avait du temps et de l’espace disponibles, ce n’était pas très compliqué de décider de tel ou tel week-end de représentation.

Florent (Nolain) et lui étaient vraiment très disponibles, notamment pour mettre en place toute la technique. Yann faisait la lumière pour les créations locales. A l’écoute de nos propositions, il apportait un regard artistique sur nos pièces, rebondissait vite sur ce qu’il captait de ce qu’on essayait de faire.

J’y ai participé quatre années de suite, tout en allant voir également beaucoup d’expérimentations : le travail de La Ribot, montré pour la première fois, le solo de Gilles Jobin avec son caddie de la Migros, la performance de Javier de Frutos, magnifique ! »

« Je ne pourrais jamais être assez reconnaissante de l’existence de cette scène »

1995. Invités de l’ADC-Studio. Javier de Frutos, performer de l’emblématique Sacre, La Ribot et Gilles Jobin.

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1995. Javier de Frutos Le Sacre ADC Studio

Javier de Frutos, Le sacre du printemps

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1995. Gilles Jobin dans Bloody Mary

Gilles Jobin, Bloody Mary

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1995. La Ribot et Gilles Jobin

La Ribot et Gilles Jobin

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1997. La Ribot. ADC Studio © Isabelle Meister

La Ribot, Mas distinguidas 97

1993, Scène libre. Création de Cindy Van Acker et Jennifer Nelson.

« C’était très expérimental. J’avais amené un poisson rouge. J’étais sur une chaise avec lui, devant une table où on faisait des trucs. »

Cindy Van Acker, danseuse & chorégraphe

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1993. Cindy Van Acker et Jennifer Nelson. ADC-Studio

Cindy Van Acker, danseuse & chorégraphe

« Six mois avant Pierres de pluie de Laura Tanner, j’ai créé Sans fards sur la scène libre du Grütli, en collaboration avec le vidéaste Grégoire Baer. J’avais 3 projecteurs super8 pour toute lumière. A un moment donné, un des projecteurs éclairait un drap blanc sur lequel était projeté le film de Grégoire – il n’y avait pas d’images, simplement la pellicule qu’il avait grattée ; de la poussière s’était déposée dans ces ponctuations et laissait des traces sur le film ; c’était un travail de la matière première, très minimaliste.

D’abord, je traversais de cour à jardin dans le faisceau. Puis, le film était projeté, manifeste très clair d’anti-séduction. Surtout, ne pas chercher à plaire ! De ¾ dans la diagonale, je le regardais en formant des ombres. Je finissais par une traversée vers l’avant, à genoux, une séquence de mouvements avec les bras, formalisée mais inspirée des gestes du quotidien. »  

 

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1995. Cindy Van Acker. Théâtre de l'Usine

« J’étais en crise avec la danse. Pour ces propositions, s’il y avait un geste, il fallait qu’il ait un sens. »

Cindy Van Acker, danseuse & chorégraphe

« 1996. Quotidien démuni. Un solo pour lequel j’étais pendue par les pieds, sur la musique du groupe Rage Against The Machine. Je me balançais puis j’attrapais une échelle pour me libérer.
J’avais réalisé le montage sonore sur une K7, avec un micro FisherPrice en plastique et un ghetto-blaster.
J’avais également pris des photos en noir et blanc en ville, devant les panneaux publicitaires, pour dénoncer la séduction et la pub. Je les distribuais sous forme de tracts à la fin. Chacun était tamponné d’une phrase de Jenny Holzer, une artiste américaine qui a beaucoup travaillé sur le texte affiché dans l’espace public en écrivant des phases-choc, anti-consuméristes. »  

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1996. Quotidien démuni. Cindy Van Acker
Nicole-Simon-Vermot

Nicole Simon-Vermot,
administratrice de l’ADC (1986-2022)

« Scène ouverte sous l’aile de l’ADC pendant quelques années, l’ADC-Studio a joué un rôle similaire à celui de la Salle Patiño mais sous forme de pièces courtes, avec peu de lumières, très peu de technique, peu de temps de répétition et d’installation. Les performances présentées ont servi de tremplin pour l’ADC : Gilles Jobin et Cindy Van Acker (dès 1993 sur la scène libre) ont ainsi poursuivi leur chemin jusqu’à être programmés par l’ADC (Gilles en 1999 et Cindy en 2002). »  

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1993. ADC-Studio, scène libre. Cindy Van Acker et Jennifer Nelson.

1993. ADC-Studio, scène libre. Cindy Van Acker et Jennifer Nelson

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1993. ADC-Studio, scène libre. Gilles Jobin.

1993. ADC-Studio, scène libre. Gilles Jobin

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1994. ADC-Studio, invités. Je ne répondrai pas aux questions, mise en scène de Yann Marussich.

1994. ADC-Studio, invités. Je ne répondrai pas aux questions, mise en scène de Yann Marussich

« L’ADC-Studio a joué un rôle similaire à celui de la Salle Patiño mais sous forme de pièces courtes »