Une salle de référence
pour la danse contemporaine
La danse s’installe et se développe à partir de 1976, sous l’impulsion du West Broadway Festival monté par Adelina Von Fürstenberg au Centre d'Art Contemporain. C’est Trisha Brown qui ouvre le bal.
1977 Douglas Dunn (ici, à Vernier, en 1986)
« Un solo génial. Cet américain en jeans et baskets, vif et fluide, un langage corporel tellement habité ! Nous avions adoré. Animées d’une folle envie de travailler avec lui, nous nous étions inscrites à un stage à New York, qui a malheureusement été annulé… »
Danièle golette Barde, co-fondatrice de l’Atelier Baudit
1978. Lucinda Childs
« J’avais emmené ma mère et ce solo n’était pas si facile à appréhender. Qu’est-ce que c’était beau ! Elle dégageait une présence tellement spéciale, à la fois rapide et fluide, comme un esprit qui va et vient sur scène et qui s’arrête… »
Danièle golette Barde, co-fondatrice de l’Atelier Baudit
1979. Pit et Phil
« Ce duo masculin a marqué les esprits. Assez virtuoses au niveau de l’exécution, ils abordaient des sujets drôles et plastiques. C’était tout à fait nouveau pour l’époque. »
Jean-Pierre Pastori, journaliste
1979. Dana Reitz
« Une américaine allumée et très protestante, elle dansait en silence, une chorégraphie comme des signes. Quand on est musicien, on a tendance à tout ressentir à travers la musique, on voit les choses comme des formes en mouvement. Une danse sans musique, c’était donc très fort, la musicalité s’exacerbait par les gestes, un vocabulaire musical transparaissait mais la musique était imaginaire, une musique avec le corps… »
Philippe Albèra, co-fondateur de l’ADC
1980. Carolyn Carlson
« Magnifique ! J’ai plutôt le souvenir d’une pièce très fluide avec de super danseurs. Quoiqu’un peu théâtrale quand même.
Elle était accompagnée par le contrebassiste de jazz Barre Phillips, qui avait animé son stage à Avignon, au cours duquel Marie-Lou et moi nous sommes rencontrées. Il nous avait d’ailleurs dit : Arrêtez de faire du Carlson, vous êtes qui, vous ?’ Nous étions trop sous son influence. »Danièle golette Barde, co-fondatrice de l’Atelier Baudit
Jean-François Rohrbasser, co-fondateur de l’ADC
« Quand un artiste est présent sur scène, qu’il est fort… on le sent au bout de 10 minutes.
A force d’en voir, on reconnaît le talent de gens qui pratiquent un art qu’a priori on ne défend pas. C’est une loi du spectacle. »
1981. Sankai Juku
« Une très grande nouveauté. Ce fameux mouvement butô qui commençait… »
Diane Decker, danseuse & chorégraphe
1981. Noemi Lapzeson et Igor Francesco
« Elle était constamment en recherche, afin de se débarrasser des poncifs de la danse. J’étais parfois décontenancé par ce qu’elle faisait parce que j’aime les choses structurées. D’autres fois, j’ai été fasciné. Comme pour ce solo (There is another shore, you know) où elle danse nue. »
Philippe Albèra, co-fondateur de l’ADC
1981. There is another shore, you know. Le solo de Noemi Lapzeson est considéré comme la première expérience de la nudité sur la scène genevoise. De nudité complète.
Et pourtant. En 1981, Min Tanaka sidère le public sur la scène du Bois de la Bâtie dans le plus simple appareil. Le scandale des performers du Living Theatre ayant choqué les autorités date de 1968. Le duo Pit et Phil a maintes fois dansé la moitié de ses performances en très petite tenue dès le milieu des années 70 tandis qu’Oscar Araiz explorait ce territoire au Grand Théâtre, notamment avec sa chorégraphie du Sacre du Printemps, dévoilée en 1982.
Claude Ratzé, directeur de l’ADC (1992-2017)
« Il y a toujours dans un programme quelque chose qui perturbe l’attente. Et ce n’est pas si facile de le trouver. Cela ne doit pas forcément être lisse, tout le monde ne doit pas être d’accord. Un spectacle vivant est sensible, individuel, mais il doit questionner et faire réfléchir. Ce facteur perturbateur concerne une pincée d’artistes non consensuels... pour mettre de l’ail dans le gigot en quelque sorte… »
1981. Bill T. Jones & Arnie Zane
« Rien que de parler de leur duo, j’en ai des frissons partout. Leur technique de danse contemporaine était extraordinaire. Ils étaient tellement en symbiose tous les deux, justes et dedans, magnifiques, et avec un humour incroyable… Je revois des moments… ce côté où ils ne pouvaient qu’être ensemble alors qu’ils étaient si différents, Arnie Zane, petit et très vif, face au corps sculptural de Jones… »
Danièle golette Barde, co-fondatrice de l’Atelier Baudit
1982. Carlotta Ikeda, Cie Ariadone
« Qu’est-ce que c’était beau ! Et elle, quelle beauté ! Très intérieur, son solo m’avait beaucoup impressionnée. On retrouve un peu de Noemi dedans d’ailleurs. »
Fabienne Abramovich, danseuse & chorégraphe
1984. Anna Theresa de Keersmaeker
« Absolument superbe. Spectaculaire. »
Laura Tanner, danseuse & chorégraphe
1985. Kazuo Ohno
« La Argentina : sa performance où il se transformait en femme. Je n’étais pas forcément convaincue mais à 80 ans, c’était impressionnant. »
Laura Tanner, danseuse & chorégraphe
1987. Momix
« Formidable. Un petit groupe ultra inventif, plein de fantaisie. C’était une révélation : on s’écartait de ce que les troupes habituelles proposaient tout en étant tout à fait abordable par le grand public. Il n’y avait ni barrière ni prétention intellectuelle incompréhensible, une musique en accord complet avec le style de mouvement. Ils se laissaient apprivoiser sans difficultés. »
Jean-Pierre Pastori, journaliste
1987. Angelin Preljocaj
« Il rentrait de New York (comme la plupart…). Il avait un sens de l’espace et de la chorégraphie. Une qualité et un sens du mouvement magnifiques. Minimalisme, précision, netteté, un métronome. J’étais impressionnée. »
Laura Tanner, danseuse & chorégraphe
1993. Fabienne Abramovich
Sous-sol de Patiño, La danse des aveugles de Fabienne Abramovich. « C’était un solo très intimiste, il n’y avait de la place que pour 15-20 spectateurs. »
Laura Tanner, danseuse & chorégraphe
Claude Ratzé, directeur de l’ADC (1992-2017)
« J’ai toujours milité pour l’équilibre, une juste proportionnalité entre l’ancrage local et les artistes internationaux. La tentation aurait pu être de ne se concentrer que sur le local ou d’établir une hiérarchie. Cette alchimie qui nous a permis de suivre les différentes propositions, d’établir une programmation cohérente et de développer la culture chorégraphique contemporaine faisait partie de notre mission. »